Bienvenue sur le site de ico fontana conza veneto rempailleur de chaises

L'histoire des chaisiers ambulant (careghéta) se perd dans la nuit des temps. Aussi loin que l'homme se plait à s'asseoir il a toujours eu l'idée de fabriquer un siège pour son confort
On a noté la présence des chaisiers ambulants dans la Vénétie, déjà en l'an 1500 principalement venant d'une seule région de l'Italie du nord"l'Agordino" dans les Dolomites;des villages de Gosaldo, La Valle Agordina,Rivamonte,Tiser...
Ces hommes des montagnes durent s'expatrier par souci de survivre à la misère et furent de grands voyageurs et aventuriers. Cet art de fabriquer des chaises chez l'habitant dura jusqu'aux années 1950.
Frédéric Fontana, mon père, est né en 1910, a 16ans, le chaisier Lovatel le pris comme apprenti (gaburo) découvrant ainsi l'aventure et la dureté du monde. Car le patron était souvent sévère avec les jeunes apprentis:peu à manger, beaucoup de travail pour une paye de toute une saison, qui consister à l'achat d'un vêtement neuf et d'une paire de chaussures.

Ico Fontana années 1930 à Valence-d'Albi

chaisier ambulant

les métiers d'autrefois

photo unique des chaisiers ambulants parcourant la campagne occitane, sur le dos la cràth avec l'outillage et la paille.

voir site de daniel loddo la talvera

la carte postale souvenir

L'unique carte postale de Ico Fontana dans son atelier place saint-alain à lavaur, photo prise peu de temps avant son décès, le paillage fut toute sa vie, une passion jusqu'aux derniers instants, en vente chez certains buralistes du sud-ouest



Scapelamént del contha (conza) le parler du chaisier

Avant de vous parler de ce jargon original inventé par les chaisiers de la région de Venise, je précise que les chaisiers émigrés en France n'ont pas adopté cette façon de s'exprimer entre eux ; mon père ne le parlait pas sauf pour nommer les outils ou quelques expressions courantes. Par contre, mon oncle Berto, ayant fait son apprentissage en Italie à l'age de 9 ans, parlait ce jargon dans sa jeunesse. En France, le fait de parler le dialecte veneto, suffisait pour parler entre eux. Les chaisiers au contact des paysans du sud, ont vite adopté l'occitan et furent pour la plupart très vite intégrés. Mon père parlait mieux le patois que le Français, j'ai le souvenir d'une virée du coté de Réquista dans l'Aveyron, j'avais 15 ans, et c'est en reculant que je l'accompagnais, en Renaud juva 4, chez les paysans du coin, pour pailler quelques chaises ; et assez timide de nature, j'ai toujours été impressionné par cette facilité de s'inviter chez des inconnus, il ne frappait jamais à la porte, son ton direct et convivial se terminait toujours a se retrouver autour de la table à midi. Pourquoi certains métiers ont tendance à pratiquer ces langages inventés ? On note que l'isolement et la défense pour leur métier, les poussent à la pratique d'une langue incompréhensible pour se reconnaître et protéger leur savoir faire. Ceci est valable pour certains groupes d'artisans qui pratiquent un métier en marge de la société, permettant un élément de cohésion de groupe de même tradition et d'une même provenance, ici la Vénétie. On pourrait aussi ajouter un certain plaisir à former des mots nouveaux, mais là ce n'est pas si nouveau que ça, la jeunesse actuelle ne nous donne-t-elle pas un exemple.
Quelques mots :
La barelina (barélina) petite chaise modèle
il département (comme en Français) les provinces en France
la lipona la France
violin le pot de chambre
scapelà parler
stopinà rempailler des chaises
ronco le vieux
batoci, l'argent
bereghèl (berèguel) le train, en patois veneto, le hibou, à l'image du train sifflant la nuit avec ces deux phares allumés.
Becàna, la bicyclette, emprunt à bécane en argot Français ?
I scarpét, pantoufle fait maison
El saèpa (zaèpa) le client, la personne qui commande les chaises
El gnicro, cochon
Ces deux mots étaient souvent associés pour une injure à l'encontre d'un mauvais payeur ainsi : chél gnicro de chél sàepa : quel cochon ce client.
Chez nous les Fontana, zaèpa est une injure pour désigner une personne incompétente car mon oncle me traitait souvent de zaèpa, lors de mes bêtises professionnelles.
Je termine par la phrase typique des chaisiers veneto, lors de leur rencontre :
El scapelamént del conza, che él saèpa ghé n tira iàvi
Traduction :
Le parler du chaisier, que le paysan ne comprend rien.

les chaisiers avec la paille

SOUVENIR

Mon enfance je l'ai passé dans l'atelier de mon père, a jouer dans la sciure, j'ai appris le métier sans m'en rendre compte, a regarder mon père dégrossir les bûches de châtaignier ou d'acacia avec sa hache, petit à petit j'ai appris a rempailler des chaises avec mon oncle berto, il m'a aussi appris le parler des chaisiers de Venise, quelques mots, souvent pour me gronder lorsque mes pensées étaient ailleurs.
Car mes débuts ont été laborieux, j'avais honte du métier de mes parents, en primaire mon instituteur me disait souvent: "si tu continue ainsi, tu finiras comme ton père" et il a eu raison ; j'ai fini comme mon père,(sur la paille) mais aujourd'hui quelle fierté!
Tout les jeudis matin, il était de tradition de rempailler une chaise, je me vois au fond de l'atelier tous les volets fermés pour que mes tendres copines ne me voient pas!
Ainsi le métier est entré dans ma vie, je ne l'ai pas choisi, il m'a choisi!
Richard Fontana

L'HISTOIRE DE LA BARELINA

La barelina, petite chaise des chaisiers ambulants Agordino,faisait partie de l'outillage des conza Agordino
Comme pour la caora (sorte d'établie portable) le chaisier devait se fabriquer sa petite chaise, très utile dans son activité à travailler le bois et à rempailler les chaises.
Dés le matin, les jeunes apprentis (gaburi) partaient à la recherche de travail; la barelina sur l'épaule, elle servait de modèle pour le paillage et la forme de la chaise.
Chaque chaisier créait sa propre forme de barelina, celle que vous voyez, est la réplique exacte du conza Ico Fontana.

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