La journée type d'un chaisier, c'était de se lever très tôt; car la première préoccupation, c'était de trouver du travail (el motivo) aussi le rôle du jeune apprenti consistait à passer dans les maisons avec une petite chaise (la barelina) sur l'épaule en annonçant l'arrivée prochaine des chaisiers (sbatocia). En début de matinée généralement les commandes étaient prises. La réalisation d'une chaise demandait des heures de travail, il fallait choisir le bois, habituellement de l'acacia, celui-ci était fourni par le client (saepa) puis le travail était divisé selon une chronologie précise. Le patron appelé (primo) s'occupait du travail nécessitant une grande expérience, fendre le bois avec la hache (manarin), découpe des pieds arrières de la chaise à l'aide de la (caora) sorte d'établie portatif. Son apprenti (secondo) taillait les dossiers, planait les barreaux et montait la chaise, sans colle, ni clous. Quant aux jeunes apprentis, leur rôle consistaient à pailler les chaises, suivant plusieurs techniques (à la française-à i strolt-à doppio cordo- à lucido-à bagi...) Et c'est très tard dans la nuit, que se terminait le travail, souvent à l'abri, dans les étables, au chaud avec les animaux de la ferme. Le repas de midi, se prenait rapidement: du pain, du fromage, quelques figues sèches. Le soir, parfois le paysan invitait à sa table les chaisiers, mon père peu habitué a un repas copieux, tombait en syncope ou montait sur la table pour chanter. En ville, il était plus difficile de trouver un lieu pour dormir, c'était souvent sous un porche. Malgré les sacrifices, les humiliations, la dureté du travail; le chaisier veneto était fier de son travail.
 les chaisiers du village de Tiser à Vérone 1937 |  | voici une des plus belles photos des chaisiers agordino,elle a fait la couverture du livre de Sandra Carmen Re intitulé séggiolai dell'agordino |
|  ico fontana : cliquer pour agrandir |  | en 1950, ico fontana va se moderniser en s'équipant de machines outils, mais je l'ai souvent vu faire sa chaise manuellement, percer les trous avec le vilebrequin, et une serre appelée "thoch da serà" et son "cugno" |
|  la barelina |  | La petite histoire de la barelina
La barelina, petite chaise des chaisiers ambulants, faisait partie de l'outillage des conza Agordino . Comme pour la caora, le futur chaisier devait savoir se fabriquer sa petite chaise, très utile dans son activité à rempailler les chaises ou sur l'épaule comme modèle. Dés le matin, les jeunes apprentis (gaburi) partaient à la recherche de travail, la barelina sur l'épaule, elle servait de modèle pour le type de paillage et la forme de la chaise. Chaque chaisier créait sa propre forme de barelina, celle que vous avez, est la réplique exacte du conza Ico Fontana, mon père.
Du scapelament del conza : le parlé des chaisiers ambulants
Barelina= petite chaise Caora= en Français : la chévre, sorte d'établi portatif Gaburi= jeunes apprentis Conza= le chaisier Agordino=région des dolomites, Italie du nord
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|  une chaise appréciée des grands et des petits |  | La voici de nouveau au coin d'une cheminée pour les nostalgiques du passé, comme pour les tout-petits enfants qui souvent la garderont toute leur vie. la chaise fabriquée a la main, avec ses défauts, reste de ce fait un objet unique et rare, aucune n'est la même, mais toutes portent la signature "conza ico" chaisier Frédéric, du nom de mon père, qui a crée le modèle. Mais avant il faut couper un noyer et en faire des planches...
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|  DELIGNAGE DU NOYER |  | Comme c'est la tradition, le chaisier ambulant n'achetait pas le bois chez un marchand bûcheron, mais chez le paysan, qui en échange lui été offert des chaises et paillages. La barelina est pour une raison de préciosité fabriquée en noyer. Après avoir abattu l'arbre à la hache et au passe-partout, il était sectionné en troncs de diverses dimensions puis fendu à la hache. Vers les années 50, le modernisme de l'outillage va transformer la manière de fabrication du chaisier, qui se stabilisera dans un lieu, un atelier, où le client viendra à lui, tout le contraire de sa démarche initiale. Et la tronçonneuse arriva, le travail va devenir plus facile, il ne sera plus question de fendre mais de délignage, ainsi ce beau noyer va être transformé en planches de différentes épaisseurs, la barelina ne se fera plus en bois vert mais avec du noyer bien sec après deux années de séchage, quant aux branches, elles serviront a la réalisation des barreaux.
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| | |   | thoch da serà |
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