OUTILS DU CHAISIER AMBULANT

La saison des chaisiers ambulant démarrait vers la fin des travaux des champs avant que la neige arrive, début septembre: "lorsque les noisettes tombent, il est temps de préparer le balluchon"; suivant un dicton veneto.

la chèvre (caora)

L'établi portatif pour planer pieds, barreaux, et dossiers, la tradition veut qu'un chaisier devait savoir se fabriquer sa propre chèvre avant son départ, signe de son savoir à fabriquer des chaises.

la petite histoire:
Sur le train, souvent les contrôleurs demandaient aux chaisiers que se cachait dans ce paquet ou se trouvait la chèvre démontée.
Et par dérision, la réponse était de dire une guitare, vu la forme du colis.

La hotte "la crath"

Pièce indispensable pour tout déplacement. Sur le dos, le poids avec la marchandise pouvait être très lourd, la hotte du chaisier est une sorte de chaise renversée. 

La hache "manarin"

Unique et important outil des chaisiers, bien équilibrée pour une bonne tenue, c'est le prolongement de la main du chaisier. On fend le bois, on s'en sert pour planter les clous, et pour finir, on la pose  comme un poids sur la paille des marais lors du rempaillage. Avec toujours gravées les initiales du forgeron.

la petite histoire:
Adolescent, le premier cadeau de mon père, ce fut une hache de chaisier, neuve, forgée par le dernier forgeron du pays, moi qui rêvait d'un vélo solex, déception, aujourd'hui pour moi c'est une relique.   

Plane droite et courbe "gobo"


La plane courbe est l'un des outils spécialement conçu pour les chaisiers Veneto, fabriquée par les forgerons Agordino. L'affûtage de ces outils était très important, lors des déplacements le tranchant était protégé par un étui en bois.

La petite histoire:
Lors de la fabrication des barreaux par les apprentis avec la plane courbe, il était d'usage par amusement de fabriquer sur le barreau de long copeaux formant des grappes de bois, une sorte de concours très apprécié par la fermière pour allumer la cheminée. 

   

La caisse à outils "cassela"

Le chaisier en déplacement, et pour ne pas perdre les outils, se fabriquait une caisse en bois, souvent fermée par un cadenas.

La petite histoire:
Comme mon père, ou il allait, avait l'habitude de fabriquer une caisse à outils. Quelle fut ma surprise de voir une de ses caisses avec quelques outils rouillés, attachée à un arbre avec une chaîne et son cadenas, près d'une cabane en pleine campagne.
Il l'avait lui-même oubliée lors d'une coupe de paille près d'un marécage.

couteaux à pointe "cortel da ponta"

Dans la panoplie des outils du chaisier Veneto, le couteau à pointe de  fabrication artisanale, servait à appointer les barreaux de chaises, creuser les mortaises.

la petite histoire:
Le secret d'un bon travail c'est l'affûtage des outils, mon père passait beaucoup de temps à cette activité, après la grosse meule à l'eau, la finition pour supprimer le morfil consistait à cracher sur l'outil en passant la pierre à affûter. Cela me dégoûtait, aujourd'hui je fais la même chose, et je trouve la technique super efficace.     

le poussoir "fuset"

Le poussoir avec le marteau sont les outils traditionnels du rempailleur de chaises. Il est fabriqué par le pailleur lui-même, en buis, avec une forme qui s'adapte avec les années à sa propre main. Il sert à lisser les cordons de paille du côté plat, le côté pointu sert à agrandir le passage du cordon à la fin du paillage.

La petite histoire:
Mon oncle en possédait deux, un normal et un autre plus long, qui servait à me taper sur les doigts pour me corriger lors de mes débuts de rempailleur de chaises.    

Poussoir à rembourrer "cathapaia"

Avec le poussoir "fuset", le poussoir à rembourrer fait parti de la panoplie du rempailleur. Il sert à rembourrer la chaise qui vient d'être paillée. C'est un long morceaux de buis, qui avec le temps prend une belle couleur dorée.

La petite histoire:
Le télé film de ma jeunesse: Ivanhoé;  feuilleton de cape et d'épée .  Ma première épée fût le poussoir à rembourrer. 

le maillet "mathot"

Le maillet en bois très dur, était utilisé pour taper sur la hache, et fendre le tronc.

La petite histoire:
Un vieux chaisier m'a raconté que lors de ses sorties à la campagne avec son père, il n'avait pas de maillet, et c'est avec un simple rondin de bois qu'il fendait les billes d'acacia.  

le vilebrequin "trapano"

Très important le vilebrequin avec ses mèches de 6-9-16mm, et lorsque la mèche est trop courte, le chaisier se sert d'un prolongateur de mèches

La petite histoire:
Tous les trous dans une chaise se font à l'instinct, en suivant un angle bien précis avec l'aide de la presse. Certains chaisiers avaient sur la poitrine une sorte de peau morte dû à la répétition du geste.    

Presse "thoch da serà"

Ce socle en bois sert à coincer les deux montants de la chaise pour bien trouer les pieds arrière et ceux de devant. La position du chaisier est à genoux et l'angle de la mèche se fait d'instinct, c'est la plus grande difficulté du métier. Un angle mal dirigé et la chaise sera bancale.    

Le mètre "mesurot" 

Pour monter une chaise, il faut des repères pour les trous des barreaux et des mortaises. Chaque type de chaise avait son propre mesurot ou les repères étaient répertoriés par des marques sur la courbure du bois. Mais comme les chaisiers ne fabriquaient qu'un modèle, un seul mesurot leur suffisait.

La petite histoire:
Les jeunes apprentis, lorsqu'ils rempaillaient chez un paysan, étaient souvent très peu nourris, et pour compenser leur appétit d'adolescent, au passage d'une poule, ils l'assommaient à l'aide du mesurot, le paysan en voyant cette poule morte, disait aux jeunes  rempailleurs de la lui débarrasser, surtout après que les jeunes lui  aient dit que la poule était morte du mal du mesurot    

Tenaille "tanaia e scarpel"

La tenaille: Voici l'outil le moins utilisé par le chaisier, pour la bonne raison qu'il n'y a pas de clous sur une chaise. Les deux seuls clous permis se trouve à l'arrière du grand dossier et pour fixer la baguette de devant. Le chaisier se sert souvent de la tenaille comme un marteau.  

Scie "siéga"

Voici une scie parmi tant d'autres, le chaisier ambulant en possédait  plusieurs, on scie les montants assis sur la barelina "petite chaise" le bois calé contre les deux genoux, là encore une scie bien affûtée est le gage d'un bon travail.

La petite histoire:
Vers le début des années 60, nous n'avions pas de tronçonneuse et c'est avec un passe partout que mon père et moi devions abattre l'arbre, souvenir douloureux à maintenir la cadence imposée par mon père.      




rissieri fontana samedi 29 juin 2013